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Leçon de VieMIRLANDA, un modèle de vitalité

Une chirurgienne, un kinésithérapeute et un photographe s'émerveillent devant cette fillette.
Le 12 janvier 2010, Port-au-Prince était secouée comme dans un shaker. Une petite fille, Mirlanda, fut extirpée des décombres, au prix d'une jambe sacrifiée. Elle était de surcroît sévèrement handicapée d'un bras. Pourtant, son enthousiasme et sa vitalité sont restés intacts, et ont bouleversé ceux qui l'ont approchée.

SPECIAL GUEST

NOTRE INVITÉ DE LA PLANÈTE CHIRURGIE :
DR DELIA DAMMACCO, CHIRURGIEN PLASTICIEN ITALIEN

UNE VOCATION ET UN ÉLAN

Elle a « craqué » pour MIRLANDA
Une jeune chirurgienne s'implique partout dans le monde

CHIRURGIE EN MILIEU PRÉCAIRE

Malgré son jeune âge, Delia, chirurgien plasticien, a subi une formation en chirurgie cranio-faciale et en chirurgie ORL et se dédie maintenant à la chirurgie réparatrice et esthétique de la tête et du cou en plus de la chirurgie plastique générale. Elle participe à de nombreuses missions dans le monde, en particulier en Haïti.

IL VOUS FALLAIT CETTE EXPÉRIENCE CRANIO-FACIALE POUR EXERCER CETTE CHIRURGIE PARTICULIÈRE ?
La cranio chirurgie est un domaine très pointu car l'on y traite des malformations qui sont assez rares et l'approche y est particulièrement complexe. Il s'agit d'opérations faites en équipes, auxquelles sont parfois associés les neurochirurgiens. Cette spécialisation est rare, et, pour les cas les plus délicats, on accourt à Paris de l'Europe entière.

Si bien que vous bénéficiez d'une connaissance particulièrement approfondie des structures sur lesquelles vous opérez actuellement ?
Je me sens effectivement bien équipée pour tout ce qui concerne la chirurgie cutanée au niveau de la face et du cou. Ce que l'on nomme les tissus mous (peau et sous-peau).

EN DEHORS DE VOTRE ACTIVITÉ RÉGULIÈRE, VOUS EFFECTUEZ TRÈS SOUVENT DES MISSIONS HUMANITAIRES.
Oui, c'est ce que l'on appelle la chirurgie en milieu précaire. Il s'agit de se trouver là où l'on nous réclame. Cela fait partie, à mon avis, de notre vocation professionnelle.

MAIS COMMENT PEUT-ON CONDUIRE DES OPÉRATIONS DÉLICATES DANS UN ENVIRONNEMENT DÉLABRÉ ?
C'est le défi, en effet. Le chirurgien ne peut pas être opérationnel s'il n'est pas précédé par la logistique. Sinon, il vaut mieux qu'il s'abstienne. C'est là qu'une organisation telle que Médecins sans Frontières est irremplaçable.

SANS LOGISTIQUE, POINT DE CHIRURGIE DONC, VOUS EXERCEZ DEUX PROFESSIONS ?
Je ne me sens pas trop différente dans l'une ou l'autre situation. Certes, les conditions ne sont pas les mêmes. Mais en situation d'urgence, on acquiert une expérience à la fois humaine, intellectuelle et, évidemment, pratique. Il s'agit de faire un travail raffiné dans des conditions difficiles. Il est vrai qu'en humanitaire, toutefois, je me consacre surtout à la chirurgie réparatrice des membres.

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"DANS LES RÈGLES" VOUS VOULEZ DIRE QUE L'ON NE BÂCLE PAS LE TRAVAIL, MALGRÉ LES CONDITIONS ?
Absolument pas ! Il s'agit de transposer nos techniques pour traiter, tout comme en Europe, les personnes défigurées ou brûlées. Si par exemple, je suis face à un déficit fonctionnel de la paupière (comme une paupière rétractée), j'exécute ma technique de greffe ou de lambeaux rigoureusement selon les règles.

SITUATIONS DRAMATIQUES
MAIS N'EST-CE PAS L'OCCASION DE « SE FAIRE LA MAIN » ?

Bien au contraire ! Ce n'est qu'en étant déjà bien expérimenté qu'on peut faire face aux situations dramatiques auxquelles nous sommes confrontés. Les conditions sont suffisamment difficiles pour ne pas prendre le risque d'une maladresse. À Haïti (et sur les autres missions auxquelles j'ai participé), tout amateurisme était totalement exclu, compte tenu de la situation.

On est donc bien loin de toute notion de tourisme humanitaire ! Cette notion est inconnue.

UN HÔPITAL MONTÉ EN QUELQUES JOURS
À HAÏTI JUSTEMENT, COMMENT S'EST DÉROULÉE LA MISE EN PLACE ?

Dans une urgence humanitaire comme Haïti, tout a commencé par l'intervention de MSF, qui, grâce à son énorme capacité logistique, a mis en place en quelques jours une infrastructure si complète que nous sommes arrivés dans un environnement totalement opérationnel. Ainsi, un hôpital gonflable a été installé en quelques jours ! Nous avons immédiatement bénéficié d'un plateau technique complet, ainsi que d'un encadrement hospitalier professionnel. Nous pouvions nous concentrer totalement à notre tâche, sans autre souci que celui de soigner et de réparer. Je me suis immédiatement dédiée à la chirurgie plastique réparatrice, bien sûr, mais aussi à l'orthopédie. Opérations qui se déroulent dans des bonnes conditions (on ne déplore d'ailleurs que très peu d'infections).

CHIRURGIE FROIDE

DONC, VOUS ÊTES TOUJOURS LA DERNIÈRE ARRIVÉE ?
La nature de mon travail fait en sorte que mes compétences sont demandées après l'intervention des chirurgiens généralistes et des orthopédistes. Les plasticiens font un travail de réparation des plaies que l'on appelle « chirurgie froide ».

MAIS COMMENT VOUS ORGANISEZ-VOUS ? ON NE PEUT PAS PRÉVOIR LES RGENCES !
Les missions ponctuelles sont planifiées de façon que je puisse me partager entre mon agenda professionnel à Paris (comme ailleurs) et des « terrains » humanitaires. Par fois, on sacrifie des périodes dédiées aux vacances, mais ce n'est pas lourd car le dévouement fait partie de notre existence. Pour les situations d'urgence, j'ai en général le temps d'organiser mon emploi du temps car les chirurgiens arrivent en seconde ligne. Nous intervenons dans une phase de post-urgence pour reconstruire et réparer. Par exemple, les blessures par balle exigent un certain délai car il faut que les blessures soient propres avant que nous intervenions. Il en part de même pour les hernies ou le débridement de plaies.

EN CONTACT AVEC LES TRADI-PRATICIENS

LOCALEMENT, ÊTES-VOUS EN CONTACT AVEC VOS CONFRÈRES ?
Les équipes MSF sont toujours formées par des chirurgiens locaux et expatriés ; c'est dans l'esprit MSF de créer une intégration et coopération au sein de la population locale. Avec d'autres associations humanitaires, j'ai eu même l'occasion de rencontrer des tradi-praticiens auxquels nous exposons nos méthodes afin de recueillir leur aval, sans lequel les patients ne nous feraient pas confiance. Ces médecins coutumiers peuvent aussi nous enrichir de leur savoir et de leur culture traditionnelle.

ZONES DE CATASTROPHES ET DE CONFLITS
EN GÉNÉRAL, QUELLE EST LA CAUSE DES TRAUMATISMES AUXQUELS VOUS ÊTES CONFRONTÉE ?
Les catastrophes naturelles et les conflits. Mais aussi le besoin, parfois, de réintégrer des gens qui souffrent des malformations congénitales qui, dans certaines cultures, sont à la base de l'exclusion et d'une marginalisation sociale.

La gratification figure dans l'exposé même de la vocation !

J'AI « CRAQUÉ » POUR MIRLANDA !

VOUS AVEZ DONC DES RELATIONS AFFECTIVES AVEC VOS PATIENTS ?
Une relation se crée inévitablement, mais il convient d'y mettre une barrière, sous peine de se retrouver dans l'incapacité de travailler comme il faut. Il m'est arrivé une seule fois de « craquer » pour une fillette amputée d'une jambe et handicapée d'une main à Haïti. Nous étions devenues de vraies copines et la quitter a été très difficile. Au niveau professionnel ce n'est pas la meilleure des choses. En revanche, il ne faut pas non plus être froid, mais savoir reconnaître les limites, cela oui.

MAIS ENFIN, QUE RECHERCHEZ-VOUS DONC ?
Faire le bien apporte une totale plénitude. En soignant les autres, on se préserve. La gratification figure dans l'exposé même de la vocation !

DE L'OPÉRA DE PARIS AUX DÉCOMBRES D'HAÏTI

IL A PHOTOGRAPHIÉ MIRLANDA
Nicola Vigilanti, photographe indépendant, a une longue expérience du terrain. Il a travaillé pour l'Opéra de Paris, le Grand Palais et pour différentes agences. Mais il a surtout effectué de nombreuses missions pour des organisations internationales (dont Interpol). Avec Médecins sans Frontières, il s'est concentré sur les victimes du tremblement de terre en Haïti (le 12 janvier 2010, à 16h53), en particulier dans le camp installé sur le stade, composé de tentes et d'un véritable hôpital gonflable.

GILLES LAVIGNE

RÉFÉRENT EN KINÉ ET PHYSIOTHÉRAPIE, RACONTE DE SON CÔTÉ
Un jour, durant sa rééducation, Mirlanda a raconté qu'un plancher était tombé, emprisonnant tous les gens présents, dont sa mère. Jour après jour, elle a assisté aux décès successifs de ses voisins (« ils devenaient de plus en plus froids »). Mais elle tenait le coup, car elle devait sortir… pour aller à l'école.

LE PRÉNOM DE SA MAMAN
Je lui ai offert une poupée qu'elle a nommée Nadège, précisément le prénom de sa maman... Elle m'a ensuite fait remarquer que son père avait faim, et que je devais me dépatouiller pour lui trouver un travail. À 10 ans, elle se conduisait en véritable adulte !
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